Surprise quant au détour du sentier côtier, je déniche un cimetière marin. C'est toujours un moment d'émotion de découvrir ces bateaux gisant sur l'estran. L'esprit vagabonde en suivant les bordés. Pourquoi sont-ils là ? Simplement remplacés par une technologie plus performante ? Ou sont-ce des victimes de plans de sortie de flotte ?
Je songe au patron qui les ont conduits là pour leur dernier voyage, aux boscos qui les bichonnèrent. Ce sont des chanceux, ils coulent des jours heureux au gré des marées sous le regard de photographes aficionados. Bien sûr il y a mieux lotis, certains, armés par des passionnés, naviguent au gré des fêtes maritimes. Mais souvenons nous que d'autres furent immolés par le feu pour justifier d'une prime ou végètent en jardinière au milieu de rondpoints. Ces navires, conçus pour affronter tempêtes et mer formée n'en finissent pas de mourir, rendent un vibrant hommage au savoir-faire des charpentiers de marine bretons. Du bel ouvrage prévu pour durer …
Certains cimetières sont connus et répertoriés, Le Quelmer sur la Rance, Plougrescrant, ceux de Camaret & Rostellec, Douarnenez & Audierne, Léchaigat au Guilvinec, Kerhervy, les thoniers du Magouër, Le Bono, Île Berder, mais d'autres grèves accueillent quelques solitaires comme à Sieck où ne subsistent que la quille et quelques varangues tels des cétacés échoués.
Ces dernières années, des artistes les ont parés de dessins et graffitis, leur redonnant un nouvel éclat comme le bel endormi du Quelmer ou les pirates du Magouer, voire cette surfeuse dans l'estuaire du Douron. Leurs coques inclinées se transforment en chevalet. D'aucuns s'en offusqueront, mais n'est-ce point déférence que de les transfigurer en œuvres d'art, fussent-elles éphémères ?
Article non-retenu par la Région Bretagne …