Le vieux bateau
Echoué dans le port, le navire se meurt
Contre vents et marées, lentement et sans heurt
Amarré près d'un quai que rien ne vient troubler.
Une mouette isolée ose encore l'habiter.
Il gît là, exsudant une longue agonie,
Prisonnier des embruns, s'accrochant à la vie,
Et montrant au passant le triste souvenir
De ce qu'il fut naguère au large de Pen'Hir.
Jadis navire sûr, affrontant le suroît,
Destrier de marin obéissant au doigt,
Se défiant des récifs du large de l'Iroise,
Naviguant fièrement dans la rade brestoise.
Quelques planches aujourd'hui rappellent son passé,
Vieux grément éffondré, sur lui-même affaissé,
Un jour on a baissé sur lui le couperet.
Passant, vois ce bateau qui meurt à Camaret.
© Jean-Michel Dormokraj
Poème extrait du recueil "Entre toi et moi" de Jean-Michel Dormokraj (avec son autorisation), paru aux éditions Le Roseau à Tours.